OMOH, 4 lettres, un duo talentueux et un avenir très prometteur devant eux.
Une voix grave posée entre les notes de synthés, celle de Clément, les chœurs de Marie-Flore et Baptiste, la rythmique de la batterie. Tout nous entraîne dans cette espèce de mélodie, comme dans une poésie aux airs mélodramatiques. Et déjà tu te mets à siffloter cet air, à fredonner, à te déhancher. Tu passes à la piste suivante, les yeux fermés. Même si la couleur des textes est le reflet significatif d’un patchwork d’histoires, je me mets à sourire bêtement. Je ne sais pas si c’est l’ambiance dans laquelle nous poussent les titres, ou bien la joie de voir ce duo exceller, sortir ce second EP, hyper abouti après les avoir rencontré il y a plus de 10 ans lors de concerts dans leur sud natal. Et puis déjà la dernière piste, la voix de Baptiste, cette voix que l’on retrouvait tout le long du premier EP. Elle aussi posée. Tout s’accélère puis l’ambiance se calme. Cet EP nous laisse en suspend. J’en veux plus. Heureusement dans leurs projets, la création d’un nouveau disque est prévue, pour quand on ne le sait pas. Mais en attendant on relance le disque en boucle comme si l’on ne voulait pas en voir la fin. Excellent EP, on est bien d’accord les garçons !
Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, en quelques années OMOH s’est déjà fait un nom. En plus d’avoir donné naissance à deux EP, Hours of Sunshine en 2013 et Omoh is Leading to Nowhere en 2015, ils ont produit et composé pour des grands noms de la musique tels que Breton, Julien Doré…
J’ai eu le privilège de rencontrer ce duo lors de leur passage dans le sud et c’est tout naturellement qu’ils m’ont partagé leurs parcours, leurs débuts, leurs envies et la naissance de leur nouvel EP Omoh is Leading to Nowhere.
OMOH, qui se cache derrière ces 4 lettres ? C’est la rencontre de Clément Agapitos et Baptiste Homo, deux amis qui ont peu à peu travaillé ensemble. Dans un premier temps Clément était l’ingénieur son des Waterlilies, un des groupes de Baptiste. Puis ils ont fait leur bout de chemin, une fois arrivés respectivement sur Paris ils ont bossé majoritairement en studio ensemble pour finalement créer le groupe.
Avant d’en arriver là, ils ont baigné dans la musique : entre conservatoire, orchestre, groupes de musique, leur chemin s’est peu à peu tracé et leur envie de musique n’a pas cessé. La musique était une continuité logique, pas de déclic pour se lancer professionnellement ni pour l’un ni pour l’autre, juste une envie de jouer plus… Puis Paris. C’était le pas pour se lancer, « un cadre plus professionnel où l’on croise d’autres artistes ». Et un jour le duo s’est rendu compte qu’ils vivaient de leur musique. Ils n’ont pas vécu cette transition de la même manière. Pour Clément, il s’agissait d’un moment plus difficile pour arriver à vivre de la musique mais c’était « une mise en condition pour être meilleur, pour se forcer à aller plus loin ». Pour Baptiste ce passage s’est fait plus simplement, comme une continuité. Au final ils ont su se donner les moyens de réussir en saisissant les opportunités qui s’ouvraient à eux.
Aujourd’hui ce n’est pas OMOH qui leur permet de vivre de leur passion, mais leur activité principale où ils composent et arrangent pour d’autres artistes. Ce métier n’a pas de prix pour eux, certes, ils peuvent avoir des horaires compliquées mais « surtout d’être son propre patron cela n’a pas de valeur » aux yeux de Clément.
Leading to Nowhere ? Dans quelle saison s’est écrit cet EP ? La thématique de la séparation que l’on retrouve dans ce disque a permis de faire un point sur leurs d’histoires.
Pour Baptiste, ce disque l’a un peu « fui », au moment de la création des morceaux, il était en tournée avec Julien Doré. Il a donc fallu travailler différemment, comme un match de ping-pong, ils s’envoyaient des choses brutes. « Comme on est au service des chansons et des disques qu’on sort, finalement peu importe…on bosse différemment, l’apport est différent mais n’est pas moindre ».
Pour Clément il s’agissait d’une période de vie qu’il a digéré et dont il peut commencer à parler, c’est la fin d’un cycle d’histoires dont il a réussi à faire le deuil, le début d’une autre avec un total renouveau. C’est un entre deux. Mais c’est aussi la première fois qu’il se met à chanter.
S’ils devaient qualifier cet EP ? Il s’agirait « d’un coup de pied au cul pour la suite » un « energizer, un booster pour la suite ». Construit différemment du premier, Omoh is Leading to Nowhere est le fruit d’un bel échange entre Antoine Gaillet, Marie Flore, Léo et Gaël. Il y avait des avis, des discussions… Mais le point fort a surtout été le recul d’Antoine « La où on ne sait plus, lui il sait ».
Des influences particulières pour construire ce 5 titres ? « C’est la construction de tout ce qu’on a écouté tout au long de nos 7 dernières années ». Pas d’influences particulières, en tendant l’oreille on peut retrouver des sonorités et des textures se rapprochant de M83, des Pink Floyd, de Metronomy, y compris du générique des feux de l’amour.
Si on devait retenir un titre ? Ils ne jouent pas tout sur scène. Idylle To Marie étant très riche les garçons n’ont pas encore décidé de l’approche à prendre. Dans un format plus « standard » Luxembourg Park est LA bonne porte d’entrée dans leur univers. Ce n’est pas pour rien qu’on peut le retrouver sur Nova !
A avoir la chance de pouvoir les interviewer, j’ai décidé d’en découvrir un peu plus sur eux.
Quel est votre plus beau souvenir musical ? Pour Clément, il s’agit d’un vieux souvenir, « peut-être que c’était d’ailleurs un déclic« , lorsqu’il était plus jeune il jouait de la clarinette dans un orchestre. Pendant un concert « je joue la partition et d’un coup je suis au dessus, pourtant je joue, mais je ne suis plus une personne, je suis l’ensemble. J’ai l’impression d’être à la troisième personne, je vois la somme globale de tous les sons, et ça, vraiment, c’est peut être pour ça que je retourne sur scène. C’est le moment où tu es totalement en roue libre. Tu n’es plus toi. Tu es quelqu’un qui te voit. C’est une superbe sensation, c’est très rare, mais c’est pas mal« .
Pour Baptiste, il s’agit d’une belle rencontre avec Agnes Varda. À l’époque il jouait avec les Waterlilies dans une galerie de photo. Agnes Varda était dans le public. À la sortie de scène elle est venue le voir et lui a dit « qu’elle aime beaucoup, qu’elle a eu l’impression de revivre ses jeunes années. Agnes Varda c’est quelqu’un de philosophiquement et spirituellement assez élevée. Quand elle m’a dit ça, ça a été un grand moment. Je sais que c’est une grande dame, elle a fréquenté mes idoles et elle vient me dire que ce que je viens de faire c’est bien. C’était génial, alors oui j’étais plus jeune, mais c’est un bon souvenir musical. »
Votre plus beau concert ? A regarder « les Daft Punk aux Arènes », à jouer « le tout premier qu’on a fait à l’International il était vachement bien, il y avait un vrai truc. Techniquement c’était le bordel on avait du mal sur scène, mais on s’en foutait tellement, c’était la première fois qu’on jouait et du coup on était trop bien. »
Un lieu où vous aimeriez vous produire ?
C : « les Arènes »
B : « Oui les Arènes. » (ndlr : de Nîmes)
C : « On a tellement vécu de choses dans ces lieux, elles sont chargées d’histoire, ce n’est pas qu’une salle. Et puis faut trouver autre chose on a déjà joué à l’Olympia. »
Où peut-on les attendre cette année en plus de la scène ? Bien sûr, ils en ont des projets ! Ils travaillent actuellement sur le prochain album d’Alex Beaupin. On les retrouvera aussi dans la production du prochain disque de Julien Doré. Ils produisent, arrangent, composent pour d’autres artistes et ce n’est visiblement pas prêt de s’arrêter « c‘est chouette, c’est enrichissant de travailler avec d’autres artistes talentueux. » Naturellement ils travaillent déjà sur leur prochain disque qui je le souhaite soit aussi excellent que celui-ci !
Pour finir si on devait définir une marque de fabrique à OMOH, quelle serait-elle ? S’il fallait en définir une seule il s’agirait de l’approche des claviers, le travail avec les synthés, de cet héritage vintage avec des claviers analogiques qu’ils essaient de moderniser et de mettre dans la pop.
Comme pour l’ensemble des questions que j’ai pu leur poser la dernière question a forcément était une réponse un peu à l’unisson. Ces deux là se complètent, s’entraident, se soutiennent, et font, on peut le dire, de la très bonne musique.
Pour découvrir leurs univers et suivre leurs actualités : OMOH, iTunes, Vinyl, Facebook
1 réflexion au sujet de “Leading to nowhere ? Not so sure about it..”