Life

Valérie, des chouettes mamies et des doudous tout doux

J’ai rencontré Valérie un peu par hasard, elle est venue sur Montpellier pour des rendez-vous professionnels et via Airbnb elle a atterri dans notre chambre d’ami. Nous avons commencé à parler, elle m’a raconté son projet les Doudous by Mamies et directement je suis tombée sous le charme !

Si je devais donner une étiquette à ce projet, je pourrais simplement dire que c’est un Beau projet, il est riche tant dans ses rencontres, ses racines, les différentes parties qui le composent. Elle a su voir un besoin et elle en a créé une richesse pour tellement de personnes autours d’elle. Alors le projet et beau, mais Valérie est aussi une belle personne, c’est pour ça que ni une ni deux je me suis lancée et lui ai demandé de m’accorder un peu de son temps afin de faire cette interview et de pouvoir vous partager cette belle histoire.

Valérie peux-tu te décrire en quelques mots afin que l’on puisse comprendre qui tu es et d’où tu viens ?

Je viens de région parisienne et ai immigré à Toulouse depuis 7 ans maintenant. J’ai un parcours dans la communication événementielle, puis lorsque je suis arrivée en Ariège ça a été une grande prise de conscience de ce qu’allait être ma vie, de mon métier qui ne me passionnait plus et de qu’est ce que je peux faire pour redonner du sens à mon activité professionnelle. Il se trouve que je suis arrivée en Ariège pour un projet familiale, ma famille qui avait ouvert des chambres d’hôtes. donc depuis 7 ans maintenant, on vit sur 3 générations, les grands-parents, les parents et les petits-enfants, avec des valeurs familiales très fortes depuis toujours avec ces chambres d’hôtes.

Tout à l’heure tu m’as présenté ton projet Les Doudous by Mamies, peux-tu nous dire d’où est venu l’idée et de quoi il s’agit ?

Premièrement en farfouillant sur internet j’ai vu une canadienne qui crée elle même des doudous à partir de dessins d’enfants. Les parents, plutôt que d’accrocher au frigo le dessin de l’enfant, ont envie de donner vie à ce personnage imaginaire et l’envoie à cette personne qui le transforme en patron puis en doudou. J’ai trouvé l’idée vraiment chouette et je me suis dit que j’avais très envie de faire ça mais je trouvais que je n’étais pas douée à l’époque. Je sais que je suis très créatrice dans la tête mais je pensais que je ne savais rien faire de mes 10 doigts. Et la couture comme pour beaucoup m’a renvoyé à ma grand-mère couturière professionnelle qui a transmis son talent à ma maman qui a essayé de me le transmettre.. J’ai des souvenirs de mamie faisant ses robes et de maman aussi qui m’avait fait ma robe de mariée.. La couture c’est vraiment une histoire de famille, transmise par les grands-mères, ma grand-mère paternelle était mamie tricot.

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De plus j’ai toujours été très concernée par la place que l’on accorde à nos seniors en France par rapport à d’autres cultures que je connais. Dans la culture indienne lorsque l’on va dans un mariage, nous sommes reçus dans la maison des mariés, il y a 25 personnes toutes générations confondues, lorsque l’on arrive dans la maison, par marque de respect pour l’ancien, on lui baise les pieds, c’est le sage, celui qui sait et qui transmet.

Ensuite mes mamies et papis n’étaient pas dans des maisons de retraites mais dans des maisons médicalisées et il y a des choses qui me choquaient un peu et notamment sur leur isolement, leur solitude. Il ne s’agit pas seulement des maisons de retraite mais lorsqu’on est la retraite, on a l’impression que tout s’arrête, la vie sociale, l’impression de ne plus produire.

Toutes ces idées en tête et le profond désir de faire quelque chose qui a du sens, comme le colibri de faire ma part, je cherchais à faire quelque chose et en mettant les choses bout à bout, en me disant que les doudous pouvaient être fait par les mamies, couturières ou non, qui ont envie de se retrouver, de créer ensemble, de partager, de donner leurs idées. Voilà comment est né le projet.

Les enfants font parfois des dessins assez complexes à retranscrire en doudou, est-ce que toutes les mamies arrivent à faire des doudous « compliqués » ou y a-t-il différentes sortes de doudous ?

Il y a plusieurs choses, le concept de base est le doudou dessiné par un enfant qui prend vie grâce aux mamies. Nos premières couturières étaient dans les maisons de retraite et parfois les dessins d’enfants sont compliqués et on s’est dit que ce n’était pas possible, il fallait des mains plus expertes pour déjà passer du dessin au patron. Nous ne voulions pas proposer un projet qui puisse mettre des personnes en retrait, mais que toutes les personnes qui souhaitent s’impliquer puisse le faire.

Le doudou c’est l’objet, la symbolique, qui protège et rassure, c’est un objet émotion, pas forcément que pour les enfants. On s’est dit qu’il y avait pleins de petits objets décoratifs qui pouvaient être faits, des mascottes, des décorations de Noël, des objets qui sont plus facile à faire.

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Il y a aussi la petite mascotte, celle de Doudou by mamies. C’est une petite poupée, elle peut être personnalisée à ses couleurs, elle est faite essentiellement en feutrine, qui est facile à travailler. Quand on arrive dans une maison de retraite on présente le projet. Les mascottes, c’est un projet collectif et ça n’effraie personne car tout le monde trouve sa place.

Donc si je comprends bien sur la confection d’une mascotte on peut avoir plusieurs mamies ?

On peut avoir pleins de mamies sur les mascottes, par contre sur les commandes de doudous par dessin là on va travailler avec 1 ou 2 mamies. Il y a toujours une dimension collective, dans les maisons de retraite ainsi que pour les couturières bénévoles isolées avec qui l’on peut se retrouver dans un salon de thé, on va discuter, choisir les tissus..

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L’une des volontés du projet est d’éviter l’isolement des personnes âgées, comment avez-vous donc trouvé vos mamies qui étaient isolées ?

Au départ nous nous étions fixés sur les maisons de retraites, on a eu la chance de trouver la directrice du CCAF de Toulouse qui nous a permis de lancer le projet dans 2 maisons de retraites pilotes.

De plus, nous voulions aussi toucher les personnes âgées isolées, là on avait deux choses, dans un premier temps nous avons appelé un par un les clubs seniors, mais c’était compliqué, ensuite on a exposé dans un salon « senior et + » à Toulouse organisé par la ville, nous avons proposé des ateliers ou toutes générations confondues venez coudre et on a rencontré énormément de personnes convaincues par le projet. Pour nous, l’aspect collectif et social est l’une de nos actions pour lutter contre l’isolement des personnes âgées.

Entre les maisons de retraite et les couturières isolées comment faites vous vos ateliers ?

On ne voit pas toutes les mamies en même temps, dans les maisons de retraites on est en lien avec les animatrices. On vient la première fois présenter le projet et les accompagner pendant un atelier, ensuite il y a généralement une dynamique qui se fait entre les mamies et bien-sur avec l’animatrice en charge. Je vais dans les maisons de retraite 1 fois par mois et s’il y a beaucoup de demandes je vois les autres couturières (celles qui sont isolées) 1 fois par semaine. Nous ne sommes pas assez nombreux dans l’association pour y aller plus, on recherche encore des bénévoles, des stagiaires, dans la communication… pour être encore plus disponibles.

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Justement en parlant de l’association, comment est-ce-que ça se passe et combien êtes-vous ?

Nous sommes 3 bénévoles actives, les mamies qui sont aussi bénévoles et je suis la chef de projet. Nous sommes sous forme d’association, les mamies sont bénévoles mais une partie de la vente des objets leur est reversée sous la forme de service, mais surtout nous reversons une part des ventes à L’Enfant Bleu, qui permet aux enfants victimes de maltraitance de pouvoir se reconstruire car on souhaite que ce projet soit aussi solidaire. Le projet part d’un enfant et sa famille, il passe par les mamies qui ont envie de faire plaisir et ça profite aussi à cette association, à d’autres enfants.

Revenons aux doudous, si quelqu’un veut un doudou comment fait-il, que peut-il choisir ?

On demande le dessin et que la personne nous raconte l’histoire, car ce projet c’est aussi de raconter une histoire. Elle commence par l’enfant, les parents ou les entreprises, elle se continue avec la famille qui raconte pourquoi elle a voulu le faire, comment le doudou a pris vie. Il y a un échange sur les couleurs, les matières, on nous dit souvent qu’il doit être doux. Si on a pas le tissu nécessaire à ce moment là l’association achète les tissus. C’est vraiment une collaboration, une histoire qui se raconte en famille.

Concernant les tissus, vous les faites comment et avec quoi ?

Pour les mascottes, les « petits » doudous sont en feutrine, il en est de même pour les objets des ateliers en famille coordonnés par des mamies. Dans ces ateliers, les différentes générations peuvent apprendre à coudre ensemble.

Pour le reste des tissus, on fait des collectes de tissus avec des chutes de tissus dans nos réseaux, il y a aussi quelques entreprises dont une qui fait des linges de maison bio qui nous donne de la ouate de rembourrage, un styliste qui fait des vêtements de travail qui nous donne tous ses échantillons… Avec ça on a une caverne d’Alibaba et au fur et à mesure on va piocher dans les tissus. Dans les ateliers on a des paniers avec des tissus et les enfants vont farfouiller et choisissent le leur, c’est un moment assez sympa.

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Tout à l’heure tu nous parlais d’une histoire avec la naissance et la fabrication du doudou, peut-on la retrouver quelque part une fois le doudou terminé ?

On a des traces écrites, un livret de naissance pour les gros doudous, avec le groupe de mamie ou la mamie, comment ça a été fait. Vu que nous sommes à l’heure de la technologie, on a un partenariat que l’on développe avec un réseau social intergénérationnel avec une startup d’Alsace, Hakisa, un réseau social ergonomique pour que les personnes âgées puissent se connecter dans le groupe « Les doudous by Mamies« . quand on reçoit son doudou il y a une étiquette avec qui renvoi à une adresse mail – de la mamie ou de la maison de retraite – On peut échanger avec elle, lui envoyer une photo, un remerciement…  Tout est entrain de se construire, de prendre forme, on souhaite perdurer ce lien. C’est aussi un projet territorial que l’on souhaite étendre au-delà de Toulouse pour que des rencontres puissent se faire, que le lien ne soit pas que virtuel.

Si on souhaite faire un doudou comment est-ce que l’on peut vous contacter ?

Les commandes de doudous se passent sur notre site internet, les mascottes aussi. Sinon on peut nous trouver sur des marchés de créateurs, pour Noël nous avons eu des équipes de mamies qui on fait plein de petites décorations, ainsi que des ateliers en participation libre et ou l’on pouvait repartir avec sa création à la fin.

Combien ça coûte d’avoir son doudou made in France, créé de façon éthique par des supers mamies ?

Une petite mascotte coûte 5 euros, une petite décoration 3 euros. On a aussi des kits DIY car le premier projet lancé dans une maison de retraite était une commande de mascottes en avion. On en a fait un petit kit à faire soi-même afin que chacun puisse fabriquer son propre petit avion. Tout est fourni dedans, la feutrine, le fil, le mode d’emploi créé par les mamies et il coûte 8 euros.

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Les doudous qui sont « plus importants », car il y a plus de travail et de matière sont vendus à partir de 20euros. Lorsque l’on reçoit le dessin on dit à la personne à peu près le temps que l’on va passer dessus et donc le tarif. On souhaite rester dans des prix raisonnables et en plus on reverse une partie à une association quelque soit le doudou vendu.

Et si les quantités de mascottes sont trop importantes pour les mamies, nous sommes en train de réfléchir à ça, de proposer à une mamie de faire le patron de la mascotte puis  aller voir des ateliers d’insertion avec les femmes et les personnes handicapées afin de rester dans un objet qui a du sens.

 

Pour suivre les Doudous by Mamies : Facebook ou son Siteweb

 

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